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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/372

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— Oui, c’était la compagne de celle à qui j’avais rêvé de donner mon nom.

Dans la salle un murmure s’élevait. Ydna, car c’était bien elle, réclama le silence du geste. Tout se tut.

— Señores, señoras, fit-elle avec une révérence gracieuse, permettez-moi de me présenter à vous. Je suis Ydna, Ninnia Inca, prêtresse du temple Incatl. Je m’appelle encore Dolorès Pacheco, la Virgen de la Independancia, surnom que me donnèrent les peuples Sud-Américains, lorsque je conquis le Gorgerin d’alliance.

Une immense acclamation accueillit les paroles.

— Dolorès Pacheco, murmura le gobernador.

— Je ne sais, fit Olivio dont la pâleur s’accentua. Je n’ai jamais entendu parler de cela.

— Qu’est-ce donc que Dolorès Pacheco et son Gorgerin ? interrogea le faux boiteux.

Mais la question demeura sans réponse. Derechef la main de la jeune fille s’était étendue et un silence religieux planait sur l’assistance.

— Frères, sœurs, prononça-t-elle d’une voix douce comme le murmure d’une fontaine, la divinité a permis la fusion en un seul faisceau de tous les Sud-Américains. Elle les veut forts pour les luttes futures, pour l’accomplissement de leur glorieuse destinée.

Arrêtant les bravos prêts à éclater, elle poursuivit :

— Mais la première condition de la force est la justice, et il s’est commis en cette ville une grande iniquité.

— Une iniquité ? répétèrent cent voix.

— Oui.

— Laquelle ?

— Demain, à l’aube, une innocente doit périr sur la garrotta.

— Stella, Stella.

Ce nom courut sur toutes les lèvres, emplissant le hall de chuchotements.

— Mon frère, gronda Olivio les dents serrés, laisserez-vous ainsi accuser les juges ?

— Non.