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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/378

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— Va, va.

— Quoi qu’il arrive, miss, quand vous verriez le échafaud du garrotta le long de votre côté, mettez la peur dans votre poche ; mister Jean veille sur vous.

L’ingénieur secoua la main de son interlocuteur :

— Brave Crabb. Qu’a-t-elle répondu ?

— Elle a fait le sourire sucré comme miel, yes.

— Et ?…

— Et elle a dit : « Reportez à mister Jean que je ne sais qu’une peur, c’est qu’il arrive malheur à lui-même. »

— Chère Stella ! murmura le jeune homme.

— Alors j’ai dit : All right ! (très bien), et je suis revenu du côté de mon dos[1].

De nouveau Jean lui serra vigoureusement la main.

— Je te quitte.

Well.

— N’oublie pas qu’à six heures et demie, je t’attendrai chez Olivio.

— Cela est classé dans mon tête.

— Le misérable, gronda l’ingénieur en crispant les poings, nous reçoit à ses fenêtres pour assister au supplice de l’innocente.

Crabb recula de deux pas, la porte se referma, et Jean reprit sa marche vers la place de la Garrotta.

En cinq minutes, il l’eut atteinte.

À l’angle, il s’arrêta, les mains appliquées sur sa poitrine, comme s’il eût voulu comprimer les battements de son cœur.

Devant lui s’étendait la petite place carrée, mesurant environ cinquante mètres de côté.

Dans la partie la plus voisine de la maison habitée par Olivio, se dressait une sinistre machine.

La guillotine française se compose d’une plate-forme élevée ; celle-ci supporte une planchette à bascule sur laquelle on attache le condamné.

Puis cette planchette, tournant autour de son axe, prend la position horizontale, entraîne le patient, de telle sorte que le col de celui-ci vient se placer dans

  1. Locution anglaise : I came back, équivalente à notre expression : Je revins sur mes pas.