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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/388

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— Expliquez-vous, Olivio. Je suis disposé à accueillir toute critique juste.

— Eh bien ! le bourreau, ses aides, ont été achetés.

— Le croyez-vous ?

— Sans cela, comment admettre que l’on ait pu détruire leur ouvrage ?

Pedro devint pensif.

— C’est vrai, fit-il au bout d’un instant.

Et par un reste de prudence politique, il atténua cette première phrase par celle-ci :

— Cela peut être vrai.

Olivio eut un mauvais sourire.

— Dès lors, il faut agir comme si cela était.

— Que prétendez-vous faire ?

— J’ai là des employés dont je suis sûr.

— Des employés à vous, mon frère ?

— Mon cher Pedro, ils sont menacés, comme moi, par les audacieux bandits dont nous subissons l’assaut. Or, dans ce pays, il ne suffit pas de compter sur la justice pour se protéger, il faut surtout se protéger soi-même. Nous autres, manieurs de diamants, sommes accoutumés à nous défendre ; à cette heure, je vous le jure, si vous n’aviez pas fait irruption chez, moi avec l’attirail encombrant de la justice, nous aurions eu raison des coquins et nous connaîtrions leurs moyens d’action.

Pedro était loyal, partant troublé par la moindre apparence de vérité. Il courba le front.

— Faites ainsi qu’il vous plaira, Olivio.

— Oh ! je ne ferai rien que d’avouable. Deux de mes agents surveilleront la réparation de la garrotta, et, le moment venu, feront tourner les manivelles, de la crémaillère.

— Soit !

— Un troisième accompagnera la condamnée de la prison jusqu’ici.

— Si vous le voulez.

Un éclair de triomphe passa dans les yeux d’Olivio.

— Merci, mon frère ; je vous le garantis, avec ces gardes-là, la Madone n’aura pas beau jeu à protéger nos ennemis.

Ceci dit, il quitta la fenêtre.