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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/40

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Pesant sur le bras de Jean de toute la fatigue qui l’accablait, Stella se mit en marche.

En cinq minutes, tous deux atteignirent le plateau couronnant le morne Rouge. Mais là, ils firent halte, Stupéfaits.

Le profond ravin de la rivière Blanche avait disparu.

La dépression s’était comblée, et maintenant la pente du mont Pelé se continuait, sans solution de continuité, jusqu’à Saint-Pierre.

Ils tournèrent les yeux vers la ville. Un cri d’angoisse leur échappa.

La cité n’existait plus.

À sa place, dans un chaos de ruines, de coulées de lave, des flammes montaient jusqu’au ciel.

Un incendie gigantesque consumait ce que l’éruption avait épargné. Maisons, docks, magasins, appontements, tout flambait. Les langues rouges du feu déchiraient les nuages de fumée noire.

Sur la racle, des vaisseaux brûlaient également.

Stella joignit les mains :

— Mon Dieu ! mon Dieu !… Comment avez-vous permis un pareil désastre !

Elle se détourna avec horreur, et ce mouvement ramena ses yeux sur le volcan.

La montagne elle-même s’était métamorphosée.

Son cône supérieur, haut d’environ quatre cents mètres, s’était effondré. Le sommet du volcan se trouvait à présent au niveau de la mine établie par le señor de Avarca.

— Monsieur Jean ?… fit-elle d’une voix où sonnait sa détresse.

— Mademoiselle.

— Je suis faible, j’ai peur. Cherchez, je vous en prie, la maison… la maison où vous m’avez rencontrée.

Et des larmes coulant sur ses joues :

— Moi, je n’ose pas, je n’ose pas.