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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/41

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Avant qu’elle eût achevé, l’ingénieur avait dirigé ses regards vers l’emplacement occupé naguère par l’habitation Roland.

Elle avait disparu, enlizée sous les projections du volcan. De la pente, du sentier, des bâtiments, plus trace. Une plaine de lave unie, parsemée de blocs rocheux, s’étendait en cet endroit.

Seul un atelier, le plus rapproché du morne, paraissait avoir été épargné.

— Voyez-vous ?… interrogea la jeune fille d’un accent si désolé que le cœur de son interlocuteur en bondit dans sa poitrine.

Il n’eut pas la force de répondre.

Elle attendit un instant, puis la voix enrouée par l’émotion, les yeux hagards, elle répéta :

— Voyez-vous ?…

Un seul mot put se frayer passage entre les lèvres de l’ingénieur… Le mot des douleurs, des désespérances. Le mot qui synthétise les angoisses humaines, le mot qui sans cesse monte de la terre meurtrie vers le ciel impassible :

— Hélas !

Stella comprit.

Un murmure indistinct écarta ses lèvres subitement décolorées ; elle pesa plus lourdement sur le bras de son compagnon.

S’il ne l’avait retenue, elle fût tombée.

Et dans ses bras, courbée en deux, écrasée par la fatalité, elle se prit à sangloter, tandis qu’un incessant tremblement faisait vibrer son corps délicat.

Une heure avait coulé.

Assis à terre l’un près de l’autre, les jeunes gens causaient.

Jean, avec cette intuition des cœurs aimants, avait deviné que l’action seule pouvait arracher sa compagne au désespoir.

L’action ? Mais quelle action ?