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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/401

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glissèrent, une clef tourna dans la lourde serrure, l’huis s’ouvrit.

— Le directeur, fit-elle en reconnaissant le fonctionnaire.

Celui-ci salua.

Puis, avec la politesse onctueuse et administrative dont il avait déjà fait preuve quelques heures plus tôt :

— señorita, dit-il, je pensais, ce matin, vous adresser mon ultime communication.

Elle affirma du geste.

— Je me suis trompé.

— Ah !

Comme elle ne pouvait retenir un soupir :

— Cette fois, ajouta le directeur, j’espère que je vous dérange pour la dernière fois.

— Mais enfin, qu’y a-t-il ?

— Un accident, señorita, un accident…

— Je ne saisis pas.

— Survenu à la machine de justice, et qui a obligé de surseoir à la cérémonie primitivement fixée à sept heures du matin.

Stella se sentit le cœur serré. L’aimable homme, qui appelait cérémonie l’exécution par la garrotta, continua :

— On compte que tout sera réparé pour trois heures.

La prisonnière eut un sursaut :

— Trois heures ?

— Oui, señorita ; j’aurais pu vous prévenir plus tard, mais j’ai songé au déjeuner.

— Au déjeuner ?

— Parfaitement. L’approche du… moment, dont je parlais à l’instant, trouble souvent l’appétit du… principal acteur.

Cet homme courtois choisissait ses mots, se piquant de n’en prononcer aucun susceptible d’influencer désagréablement son interlocutrice.

— Cependant, j’ai vu des gens dans votre situation conserver un coup de fourchette convenable.

Il respira longuement

— Comme le régime de la prison comporte tous les