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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/42

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Après le devoir de pleurer ses morts, songea-t-il, il reste le devoir de les venger.

Et, presque rudement, il avait dit :

— Se lamenter ne suffit pas, il faut songer à la vengeance.

Et sous sa parole ardente, Stella s’était transfiguré. Sur la douleur s’était greffée la colère.

— Oui, oui, la vengeance ! La vengeance contre celui qui m’a privée de toute affection, contre celui qui a frappé sons pitié les innocentes victimes endormies sous la lave.

Jean, satisfait de la renaissance d’énergie de sa compagne, la sentant plus calme, avait continué :

— Vous connaissez l’assassin ?

— Oui.

— Son nom ?

— Olivio de Avarca, frère de Pedro de Avarca, gouverneur de la province brésilienne d’Amazonas.

Et le jeune homme demeurant interdit :

— Cela vous surprend ? continua Stella. Être par le bonheur de la naissance un personnage, ignorer la misère, posséder une intelligence d’élite, avoir conquis le titre d’ingénieur, pouvoir aspirer aux plus hautes situations, et préférer la voie du crime. Moi non plus, je ne conçois pas cela. Pour le croire, j’ai besoin de me rappeler les paroles de mon père : « Olivio a tous les dons, mais annihilés, détruits par une passion méprisable, la passion de l’or ! »

— Il lui était facile d’en gagner.

— Oui ; mais il ne lui suffit pas d’en posséder ; il rêve d’être seul détenteur de la fortune. La richesse des autres excite son courroux, son envie. Il veut les trésors fabuleux, mais surtout il veut en priver ceux qui l’entourent.

— Mais c’est le portrait d’un monomane, d’un fou, que vous tracez là, mademoiselle !

Elle secoua la tête :

— Plût au ciel ! Fou, il serait moins dangereux.