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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/418

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— Si, répondit-elle, la question amenant un vague sourire sur ses lèvres.

— Eh bien, voulez-vous que je vous dise ?

— Ne vous gênez pas.

— Sauf le respect que je dois à monsieur votre père, bagasse, il me semble que son invention est incomplète.

— Incomplète ?

— Et que si un savant de Marseille, il s’était occupé de l’air liquide…

— Qu’aurait-il fait ?

— De l’air liquide, rien qu’en soufflant dessus, eh donc ! Ce qui serait diantrement plus commode pour renouveler la provision.

Quoi qu’en eussent les voyageurs, ils ne purent be tenir de rire.

— Va bien, continua le Provençal ; tu ris sans comprendre, garçons. Quand je serai à Marseille, avec ma fiancée Vera Rosales, je te donne mon billet qu’en vingt-quatre heures, l’académie de la Cannebière, elle aura résolu le problème.

C’est sur cette promesse que chacun s’enroula dans sa couverture pour passer la nuit.

Une heure s’était écoulée depuis que tous avaient perdu la conscience des choses, quand, à cent mètres environ de la construction, un mouvement se produisit dans un taillis formé de plantes épineuses et d’arbustes entrelacés.

Une forme humaine sortit de l’ombre.

Elle s’arrêta, se tint un instant immobile et parut considérer avec attention le poste qui abritait les voyageurs.

Rassurée sans doute par cet examen, la noctambule silhouette se mit en marche.

Elle quitta l’ombre protectrice du taillis pour entrer dans la zone éclairée par la lune, et la lueur argentée de l’astre des nuits frappa les traits d’Olivio de Avarca.

Le bandit rôdait autour de ses victimes.

Avec des mouvements félins, le sable ne criant point sous ses pas circonspects, l’haciendero se rapprocha peu à peu du blockhaus,