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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/420

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— Eh bien ? fait ce dernier.

— Je n’entends plus rien.

— Vé ; je n’ai jamais rien entendu, moi ; et Je n’entends pas davantage à présent, mon bon.

— C’est égal, Je vais voir.

— Moi aussi.

Tous deux se lèvent. Mais avant de gagner la porte, Scipion s’empare du bissac dans lequel Jean Ça-Va-Bien conserve les quatre ampoules d’air liquide dont il dispose encore.

— On ne sait jamais, murmure le Marseillais. Si l’ennemi était trop fort, on pourrait bien en sacrifier une de ces fioles d’azur, pécaïre !

Sans bruit, les deux hommes entr’ouvrent la porte. Retenant leur haleine, ils cherchent à surprendre un bruit. Rien. Alors, ils sortent.

Autour d’e»x, la campagne semble déserte. Sur le sol rocailleux, les rayons de la lune s’accrochent en éclairs d’argent aux angles des cailloux. Là-bas, un taillis dresse sa masse noirâtre.

Et soudain, Scipion a une exclamation.

— Troun de l’air, ça sent le pétrole ici !

Le pétrole. C’est vrai. Gairon ne saurait le nier. L’huile minérale emplit l’air de ses vapeurs lourdes.

Les deux hommes n’ont pas le temps de chercher. Tout près du taillis remarqué tout à l’heure, une silhouette a brusquement surgi du sol, et en deux bonds a disparu dans l’enchevêtrement broussailleux des plantes.

Le Canadien et le Marseillais n’ont pas besoin de se consulter.

L’ennemi deviné est là.

Ensemble ils s’élancent, le revolver au poing. Ils atteignent le fourré. Les buissons éventrés leur indiquent la route suivie par leur adversaire ; ils s’engagent dans la sente.

Au bout de vingt pas, ils débouchent sur un large espace dénudé. La terre est labourée par des sabots impatients. Francis se penche et murmure :

— Un cheval était entravé ici.

Autour de lui, son regard semble chercher.

— Par ici ! gronde-t-il enfin en désignant un point