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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/433

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Les yeux du solitaire brillèrent ; pourtant il répondit :

— Je ne les vends pas, je les donne.

Olivio se prit à rire.

— Toujours hospitalier, mon brave. C’est très bien. Pourtant écoute-moi. Tu es pauvre.

— Je ne mendie pas.

— Parbleu ! tu es fier comme, le jaguar ; mais ta fierté n’est pas de saison avec moi, un ami, presque un associé.

— C’est vrai cela, murmura Bartolomeo.

— D’autre part, je suis riche, tu es pauvre, l’échange amical de quelques pièces d’or entre nous ne fera de mal ni à l’un ni à l’autre.

— Par la Virgen de Athuila, vous avez une façon de présenter les choses !

Bartolomeo était vaincu. Depuis longtemps, sans doute, le pauvre diable n’avait vu de l’or. Olivio comprit qu’il avait partie gagnée. Sur la table, il étala une dizaine de pièces de cinq mille reis qui sonnèrent gaiement.

Le contrebandier avança la main avec hésitation.

— Prends, dit Olivio.

Les doigts de l’homme se crispèrent sur l’or qu’il engouffra dans sa poche. Les yeux du malheureux s’étaient injectés de sang. L’haciendero hocha le chef d’un air satisfait et paisiblement :

— Trois gourdes de vin de palme, Bartolomeo.

Avec une rapidité prodigieuse, le misérable disparut. Une minute ne s’était pas écoulée, qu’il déposait sur la table trois gourdes-calebasses.

— Voilà, señor.

Paisiblement, Olivio sortit de sa vareuse une sorte de drageoir en métal blanc. Il l’ouvrit. À l’intérieur se voyait une poudre blanche, semblable à du sucre cristallisé. Il en prit une pincée entre le pouce et l’index et la fit tomber avec soin dans l’une des gourdes.

Procédant de même à l’égard de la seconde, il mit la dernière à l’écart, but à la régalade une large lampée du liquide extrait d’un palmier, puis regardant Bartolomeo bien en face :