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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/62

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la boîte mystérieuse contenant les ampoules bleues.

Trouver dans le pays désert une bête de somme, un conducteur, puis gagner Fort-de-France, à travers la campagne désolée recouverte d’un linceul de cendres.

Pourtant, grâce à la bonne humeur de Jean, à sa sollicitude toujours en éveil, Stella avait ignoré la fatigue, le découragement.

À présent, accoudée sur le bastingage, à deux pas de la coupée, elle considérait avec commisération la foule qui vociférait de plus belle.

Jean se pencha à son oreille.

— La première étape est franchie, mademoiselle.

Elle approuva de la tête.

— Et, continua-t-il, la lutte pour la vengeance va commencer.

— Oui, murmura la jeune fille, là vengeance ou la punition du crime abominable.

— La bataille sera rude…

Stella tressaillit. Son clair regard interrogea son interlocuteur :

— Auriez-vous peur ?

— Horriblement, mademoiselle, répliqua Jean avec un sourire ; peur pour vous. Les fatigues de la montée du fleuve des Amazones, les miasmes de la forêt vierge, et surtout les embûches de nos ennemis, tout me pousse à vous supplier de m’attendre dans un port de la côte brésilienne, et de me laisser seul tenter l’aventure.

Elle lui tendit la main :

— Merci.

— Vous acceptez ?

— Non, je refuse ; je vous suis obligée de l’intérêt qui dicte vos paroles ; mais vous n’avez pas réfléchi. C’est mon père, ce sont mes frères que dévora la lave déchaînée par Olivio. Pensez-vous que je puisse me tenir à l’écart, alors que vous risqueriez votre existence ? Non, n’est-ce pas ?