Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comme il esquissait un geste vague, elle reprit :

— Puis il y a autre chose.

— Quoi donc ?

— Je veux pousser jusqu’au temple Incatl, délivrer la sœur inconnue que les prêtres ont ravie en vertu de la loi inca.

— Eh bien, ne suis-je pas là ?

— Si, mon ami, si, je vous associe à tous mes projets ; mais ma sœur, élevée loin de moi, ne soupçonne pas mon existence. Comment voulez-vous qu’elle m’aime si, par les dangers affrontés, les obstacles vaincus, je ne lui montre ce qu’est l’affection d’une sœur ?

Elle aurait continué sans que Jean, bercé par la musique de sa voix, songeât à l’interrompre. Un Nouvel incident se chargea de ce soin.

Quatre hommes, jouant des coudes, se frayaient sans façon un passage à travers les groupes qui encombraient le quai. En avant marchait un garçon brun, jovial, qui bousculait les assistants avec les plus cordiales admonestations.

— Té donc, bonnes gens, un peu de place à Scipion Massiliague de Marseille, mes amours ; Marseille, la première ville du monde, pécaïre ; la première, pour ne pas dire la seule.

— L’unique, rascasse ! appuyait un domestique au costume texien, en emboîtant le pas à son maître.

— Bien, Marius, approuva ce dernier, très bien : l’unique !

Derrière les causeurs, deux géants blonds, aux yeux bleus, présentant le type le plus pur des chasseurs canadiens, s’avançaient sans effort apparent.

Le lieutenant lut sur leurs billets de classe :

— Francis Gairon, chasseur canadien. — Pierre, engagé du précédent.

Sur un signe du jeune officier, les quatre passagers furent admis sur le pont.

Sans doute, ils avaient craint des difficultés, car