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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/69

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— Ah ! tiens, bagasse, mademoiselle, nous aurions voyagé de conserve si…, seulement nous n’aurons pas besoin d’aller si loin.

Puis revenant au capitaine :

— La señorita Dolorès avait été choisie par les prêtres ; pour effectuer l’union des Celto-Latins du Sud, elle devait retrouver le gorgerin d’alliance ; mais elle avait promis, sa tâche accomplie, de revenir à Incatl, et d’être immolée sur l’autel du Soleil, en signe de remerciement aux dieux, seuls artisans du succès.

— Immolée, elle ! gronda le Canadien Francis Gairon.

— Du calme, ami Francis, du calme. Bref, capitaine Armadas, moi, mon domestique Marius, Gairon et son engagé, Pierre, nous avons juré que la pauvre Dolorès ne serait point sacrifiée. Gairon, du reste, palpite pour la señorita, et je pense moi-même qu’un mariage modeste est encore préférable au plus brillant des supplices.

Il y eut un silence. Ni Jean ni sa compagne ne riaient plus.

Frappés par la coïncidence étrange qui les jetait en présence d’inconnus lancés, ainsi qu’eux-mêmes, à la poursuite d’une prêtresse du temple Incatl, ils demeuraient sans voix, envahis par une émotion soudaine.

Cette prêtresse, cette Dolorès Pacheco, avait vécu dans le temple, auprès de la sœur de Stella, auprès de l’enfant enlevée, dont Roland n’avait pu apprendre ni le sort ni le nom.

Dolorès lui avait parlé sûrement. Peut-être même la pourrait-elle désigner à l’orpheline du morne Rouge.

Et tous deux se sentaient pris d’un ardent désir de rencontrer la Mestiza, de l’interroger, de lui arracher le secret capable de rendre à Stella une tendresse, une confiance, une amie.