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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/71

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du Sud, je consulte mon contrôle des passagers.

Ce disant, le capitaine tira un carnet de sa poche, l’ouvrit et parcourut plusieurs pages des yeux. Il parut surpris :

— La Mestiza, voyage en première classe ?

— Évidemment. N’étant tenue à aucune économie…

— Alors, señor, elle n’est pas à bord.

— Pas à bord, vous me la donnez belle ! Puisque je vous répète qu’à son signalement, les agents de votre compagnie se sont parfaitement souvenus de l’avoir remarquée sur le Madalena.

— Regardez vous-même. En première, J’ai quatre passagères seulement : señorita Stella Roland, cabine numéro 3 ; mistress Elena Doodee, cabine 2 ; miss Mable Nice, cabine 4, et enfin une Indienne guarani, fille de chef, répondant au nom d’Ydna et occupant la cabine 14.

Jean et Stella, très intéressés, s’étaient mêlés au groupe.

Comme tout le monde, ils avaient appris, par les journaux, l’audacieuse expédition de la Mestiza, allant chercher, en plein territoire nordiste, le joyau antique, gage de la confédération du Sud américain. Ils avaient, lui en France, elle à la Martinique, admiré le courage, l’énergie de la jeune fille ; mais les dernières paroles de Scipion avaient transformé leur admiration en une tendre attirance.

L’héroïne était prêtresse d’Incatl, et elle allait compléter son sacrifice à la liberté sudiste, par le don volontaire de sa vie.

Aussi, ce leur fut une désillusion d’entendre le capitaine affirmer que Dolorès Pacheco ne figurait pas sur le contrôle des passagers.

L’espoir éveillé dans leur esprit ne se réalisait pas.

Ils ne se rencontreraient point avec la Doña — comme l’appelaient les feuilles mexicaines, guatémaltèques, péruviennes ou autres — il ne leur serait