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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/72

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pas loisible de l’interroger sur sa jeunesse, sur les pratiques mystérieuses du temple du Soleil, sur ses compagnes.

— Ydna, Ydna, si nous étions à la frontière mexicaine, je dirais…

— Que diriez-vous ? demanda impétueusement Massiliague, en se plantant devant le Canadien Gairon, qui venait de prononcer cette phrase énigmatique.

Mais le chasseur possédait autant de calme que le Provençal montrait de fougue. Paisiblement il répondit :

— Rien d’utile, un rapprochement avec un mot du dialecte comanche.

— Il s’agit bien de cela ?

— Vous avez raison. Que nous importent les peuplades indiennes qui parcourent les déserts du Mexique septentrional ?… Et pourtant…

Le Marseillais trépigna :

— Encore des réticences. Ah ! digne chasseur, la patience des citoyens de Marseille est légendaire ; seulement vous épuiseriez celle d’un saint avec vos circonlocutions. Rascasse, parlez comanche, si vous en avez l’envie, mais per lou diable de l’Esterel, parlez de suite.

Sans rien perdre de sa placidité, Francis reprit :

— Eh bien, je me souvenais.

— De quoi ?

— De ceci. Le mot Ydna est comanche.

— Ah bah !

— Et je me faisais cette réflexion, que les indigènes du Mexique et du Pérou, ayant eu de fréquentes relations historiques ensemble, il se pouvait que certains vocables appartinssent aux langues des deux races.

— Conclusion ?

Scipion piaffait littéralement d’impatience.

— Conclusion, continua doucement le Canadien,