Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Heureuse, pas pour moi, car ma destinée est accomplie ; mais pour vous. Eh bien ! cherchons ensemble, et, pour cela, permettez que je vous interroge encore.

— Interrogez donc, je vous en prie.

— Pour vous engager ainsi dans les solitudes, il faut que vous poursuiviez un but bien important, que vous craigniez des dangers bien graves.

— Oui, répondit la jeune fille sans hésiter.

— Ne pouvez-vous me dire ce but, ces dangers ?

Et comme son interlocutrice se taisait, la Mestiza continua d’une voix persuasive :

— Oh ! ne croyez pas à une vaine curiosité. En remontant le fleuve, vous parviendrez au territoire de l’État d’Amazonas, et dans toute son étendue je puis mettre mon influence au service de mes amis.

— Ce n’était pas défiance, mais discrétion. Vous parliez de votre influence ?

— Elle est réelle. Je ne vous cache rien. Il est aux confins de l’Amazonas, près des frontières de Bolivie et du Pérou, un temple révéré par les Indiens, respecté par les blancs.

Une émotion subite agitait Mlle Roland. Sa compagne allait au-devant de l’explication qu’elle n’osait donner.

— Le temple d’Incatl, balbutia-t-elle. La Mestiza tressaillit :

— Vous le connaissez ?

— J’en ai entendu parler, il y a longtemps, et encore à l’instant, à propos de vous !

— Eh bien, en ce cas, vous comprenez ce que vaut ma protection. Je suis prêtresse d’Incatl.

— Je le sais,

— C’est vrai, mais cette émotion ?

Un trouble inexprimable emplissait l’âme de Stella.

Prêtresse d’Incatl ! L’orpheline songeait que sa