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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/86

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sœur Ignorée, elle aussi devait être prêtresse. Et son cœur lui soufflait cette phrase angoissante :

— Si c’était elle ! si c’était elle !

— Qu’avez-vous donc ? insista son interlocutrice.

Stella joignit les mains :

— Oh ! par pitié, votre nom, votre nom ?

— Ydna.

— Ydna ? Non ; n’en avez-vous point d’autre ?

— Si, Dolorès Pacheco, nom que les serviteurs du dieu de Lumière m’ont imposé, lorsqu’ils m’envoyaient à la recherche du gorgerin d’alliance.

Mlle Roland secoua tristement la tête.

— Dolorès ? Non encore, ce n’est pas cela, ce n’est pas cela.

Son interlocutrice la considérait avec étonnement. Soudain, Stella lui étreignit les poignets.

— Oubliez mes paroles. Vous êtes prêtresse du temple, donc vous ne devez pas savoir, vous ne devez pas.

Elle se leva brusquement, et s’approchant du hublot ouvert, elle aspira à longs traits l’air marin aux senteurs salines.

Le steamer parcourait le chenal qui sépare la Martinique de la Dominique. Le soleil piquait la mer clapotante de paillettes d’azur et d’or, et la côte se perdait dans l’éloignement avec l’apparence d’un brouillard roussâtre.

Prise par le spectacle, la jeune fille restait là, oubliant sa compagne, engourdie en quelque sorte par la puissance d’apaisement de l’Océan.

Soudain, elle tressaillit.

Un bras caressant entourait son cou et Ydna, penchée vers elle, murmurait à son oreille, avec une infinie tendresse :

— señorita, je suis prêtresse du temple Incatl, c’est vrai ; mais mon âme ignore la trahison. J’ai cru deviner que vous-même vous vous dirigiez vers le sanctuaire ; j’ignore pour quelle cause. Je veux conti-