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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/91

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ne s’étonnera donc pas de le voir à ma ceinture dans la salle à manger.

— Et vous y empilerez ?…

— Tout ce qui sera nécessaire à mon amie.

D’un ton joyeux, Ça-Va-Bien plaisanta :

— Vous avez réponse à tout. Une objection pourtant.

— Allez, allez, ne vous gênez pas.

— À San Luis de Maranhao, il faudra débarquer.

— Eh bien, l’escale en ce port est de dix heures. Rien ne nous oblige à nous précipiter à terre dès que le navire, aura stoppé.

— C’est vrai, seulement…

— Je vous entends. La ville est petite. Ydna peut être rencontrée, reconnue.

— Juste.

— Rencontrée, oui ; reconnue, non.

— Voilà qui est fort !

— Mais vrai, monsieur Jean. Ceux qui cherchent une jeune Indienne ne la devineront pas sous le veston d’un gentleman.

Le jeune homme éclata de rire.

— Un déguisement ?

— Vous l’avez dit. Vous nous confiez un des costumes de voyage enfermés dans votre valise. Ydna et moi utilisons les loisirs de la traversée pour le mettre à sa taille, et à San Luis…

— Mlle Pacheco s’en va tranquillement sous les espèces du señor Pacheco. Bravo. Je m’incline. Vous avez tout prévu. Assurez votre nouvelle amie que votre… frère sera muet.

— Elle sait que vous n’êtes pas mon frère. Je lui ai conté en l’arrangeant un peu — elle eut un divin sourire en scandant ces derniers mots, — je lui ai conté votre dévouement, auquel je dois l’existence, auquel je devrai peut-être une sœur.

Ils se regardaient tous deux, comme étonnés de