Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parcourir le monde ensemble, sans être parents, et ils se sentaient troublés.

Pourquoi Stella avait-elle si vite rejeté le qualificatif de « frère » adopté par Jean, afin de légitimer, aux yeux du monde, sa présence auprès de la jeune fille ?

Pourquoi lui-même éprouvait-il une joie intérieure à la pensée qu’elle avait agi ainsi ?

Ils détournèrent les yeux, fixant avec embarras l’horizon de mer, qui découvrait autour du steamer son impeccable circonférence.

La venue bruyante de Massiliague, escorté de Marius, de Francis Gairon, suivi de Pierre, ne put les arracher à cet émoi pénible et délicieux.

— Rien en seconde classe tonitruait le Marseillais.

— Pas de Dolorès en troisième, déclarait tristement le Canadien.

— Pourtant elle est à bord.

— Assurément, puisqu’elle n’a pu quitter le navire.

— Donc, elle se cache. Continuons. Je vais solliciter du capitaine la permission de visiter les machines, chaufferies, soutes, postes d’équipage… Tout y passera, rascasse, jusqu’à la cale.

Sur cette conclusion, les poursuivants d’Ydna s’éparpillèrent de nouveau dans toutes les directions.

Leurs recherches devaient être infructueuses, et, le soir, ils gagnèrent fort penauds leurs cabines respectives.

Introuvable avait été la pseudo-Indienne, bien que pas un pouce du paquebot n’eût échappé à la curiosité du quartier.

Pas un pouce est inexact. Personne n’avait songé à pénétrer dans la cabine n° 3, où, étendues sur leurs couchettes superposées, les jeunes filles s’abandonnaient au sommeil paisible de personnes assurées de n’avoir plus rien à craindre.