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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/93

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— Ma chère Mable Nice, placez vous-même le long de mon côté gauche ; je placerai mon côté droit le long d’une lady, et j’aurai ainsi une place convenable, éloignée de tout gentleman.

C’est ainsi que mistress Elena Doodee, que le mal de mer avait forcée à l’isolement durant les premiers jours de navigation, fit son entrée dans le dining-room du Madalena, escortée de sa demoiselle de compagnie.

Deux fauteuils mobiles étaient libres à la gauche de Stella.

Elena s’empressa d’occuper le plus voisin, laissant l’autre a la ronde Mable.

— Je demande le pardon, fit-elle en s’inclinant vers Mlle Roland, voulez-vous amener les hors-d’œuvre en contact avec moi.

Et la jeune fille s’empressent de déférer à ce désir :

— Remerciements. Le hors-d’œuvre est le grand plaisir de mon bouche.

Puis avec un petit mouvement d’impatience :

— Aoh ! mon réticule gênait les mains de moi, je n’ai que deux, vous savez.

Les phrases, l’accent de la coquette mistress amusaient l’orpheline. Aussi prit-elle en pitié l’embarras de sa voisine, et lui désignant son propre réticule, accroché au dossier du fauteuil :

— Faites comme moi.

— Excellente idée.

Tout en fixant les poignées de son sac de soie, l’Anglaise continuait :

— Vous sauvez le appétit de mon stomach ; j’étais en grande terreur de ne pas pouvoir déjeuner, de souffrir de l’affamement à la mode de sir Tantale, le gentleman mythologique.

— Oh ! intervint miss Mable, le supplice de Tentalus ne serait pas un supplice pour mon pauvre moi.