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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/97

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l’affirmation de Scipion paraissait une « galéjade » un peu forte.

— Vous plaisantez, bredouilla le médecin avec une pointe de mauvaise humeur.

Mais le Marseillais tranquillement :

— Je ne plaisante jamais avec ma santé.

Et portant à sa bouche un énorme morceau de pâté.

— Rien que ma faim devrait vous indiquer que je parle sérieusement. Vous voyez bien que je répare.

Du coup les rires, contenus jusqu’alors, éclatèrent.

La gravité avec laquelle le Provençal débitait ses énormes fantaisies devenait irrésistible.

Et encouragé par son succès, Massiliague livra carrière à son imagination.

— Je vais vous narrer l’histoire, mon bon. Il y a là une observation clinique donnant matière à une communication sensationnelle a l’Académie.

Il appuya familièrement les coudes sur la table, et d’un ton plein de bonhomie :

— Vous ne connaissez pas Marseille ?… Non ? Je vous plains, té, de tout mon cœur. Auprès de cette cité, nulle autre ne mérite le nom de ville.

Cette audacieuse affirmation souleva Une tempête de protestations.

Les patriotes de toutes nationalités grondaient :

— Et Mexico ?

— Et Londres ?

— Et New-York ?

— Et Rio-de-Janeiro ?

— Et Québec ?

Scipion apaisa le tumulte du geste.

— je veux pas vous vexer, bonnes gens ; mais la Vérité, elle se noierait de désespoir dans son puits, si je faisais la moindre concession à ce sujet

— Allons donc !

— Je n’insiste pas, mes agnelets ; quand vous reviendrez de Marseille, nous reprendrons la discus-