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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/99

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reçut l’expression de mes sentiments trop longtemps comprimés.

« — Zénaïde, — elle s’appelait Zénaïde, — que je susurre, mon cœur, il bout comme une chaudière tubulaire, puis il se glace que l’on pourrait patiner dessusse, pécaïre. Cela signifie tendresse, soif du mariage.

« — Étanche ta soif, mon bon, qu’elle fait en riant. Épouse toute la ville, je danserai à la noce.

« — Tu danseras certainement, car c’est ta main que je postule.

« Elle rit plus fort.

« — Tu te blouses, lanturlouse, j’engage mon pied à ta noce, mais pas ma main.

« — Et pourquoi, ma caillette ?

« — Parce que j’ai promis à ma défunte mère, qui me regarde par la croisée d’une céleste bastide, de ne jamais aimer quelqu’un, lanturlu.

« — Alors, je t’offre la bague de fiançailles, passe-moi ton annulaire. Un mari, ce n’est pas quelqu’un, c’est personne.

« Elle bondit superbe de colère, telle une cavale de la Camargue.

« — Sors d’ici, lanturli, insolent Moco. M’offrir de porter le nom de personne ; apprends qu’une fille comme Zénaïde ne peut porter que le nom de quelqu’un.

« Sa porte se referma sur moi pour ne plus se rouvrir jamais.

— Mais, remarqua le docteur enchanté de prendre sa revanche, dans tout ceci je ne vois rien qui ressemble à la diète annoncée.

Scipion eut un haut-le-corps. Dans le feu de l’improvisation, il l’avait oubliée, la diète. Mais il se remit aussitôt et sévèrement :

— M’interrompez pas, j’y arrive, faut le temps, mon bon ; avé vous, on peut pas placer un mot, bou dieou.