Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/105

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jusqu’à ce que luise le jour attendu qui mettra fin à la folle équipée de la señorita Dolorès Pacheco.

— Donc, me laisser dorloter, résuma Scipion ; manger, boire, dormir et me promener avec des amis préposés à ma garde.

Forster s’inclina.

— Ça me va, poursuivit le Marseillais ; vivre dans la bombance me convient. Pour commencer, j’accepterai sans façon une chambre confortable et une collation abondante.

— Le capitaine Hodge va vous conduire.

Déjà l’officier blond s’était levé sur un signe du pasteur.

Scipion lui prit familièrement le bras :

— De gardien vous devenez hôtelier, capitaine. Troun de l’air ! Je vous félicite, et moi aussi, de cet avancement.

Puis saluant Joë et le gouverneur :

— Sans rancune, mes chers bons, sans rancune. Je vais me substanter, et ensuite, nous dirons du mal de cette petite espiègle de Mestiza… A-t-on jamais vu pareille folle ?… Me faire travailler dans les postiches !

Il entraînait en même temps le capitaine. Tous sortirent.

Alors Forster eut un rire grinçant de crécelle et frottant nerveusement ses mains sèches l’une contre l’autre :

— Pas forts, ces Français. Il a avalé l’hameçon sans difficulté.

— Oh ! appuya Sullivan, ces gens de France ne voient pas aussi loin que le bout de leur nez. Ce bavard avait donné tête baissée dans mon chapelet de duels, à Mexico, et sans l’intervention d’un peuple imbécile…

— Nous n’aurions plus à le nourrir, acheva le pasteur. Ne regrettez rien, mon fils, ce qui est arrivé tournera à la plus grande gloire des méthodistes et de la République des États-Unis.

Mais changeant de ton :

— Les soucis de la politique m’accordent une trêve. Excusez-moi de vous quitter.

Or, à cet instant précis, Scipion, laissé seul, dans une chambre claire et gaie, en face d’une table copieusement servie, mangeait à belles