Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Chaque sœur était toujours amplement pourvue de capsules sucrées emplies de la liqueur qu’elle préférait.

À Priscilla, le genièvre ; à Allane, l’anisette ; à Roma, le muscat ; à Kate, le schnaps.

Scipion eût pu s’évader dix fois. Pourquoi n’avait-il pas saisi les occasions favorables ? Uniquement parce qu’il ne savait où rejoindre Dolorès Pacheco.

Les journaux avaient bien mené une bruyante campagne au sujet de la fable inventée par le révérend Forster, gouverneur du Texas. Le coup perfide avait été porté, exaltant les espérances des Nordistes, jetant le trouble dans l’esprit des Sudistes.

D’autre part, on avait annoncé un soulèvement général des Indiens nomades du Texas et du Nouveau-Mexique.

Les Comanches du premier État, les Apaches du second, ces pirates du désert, avaient suspendu leurs querelles intestines et s’étaient alliés pour interdire la traversée des solitudes qui sont demeurées leur empire.

On disait que le gouvernement texien avait appelé les milices pour marcher contre les Peaux-Rouges révoltés.

Mais de la Mestiza, de ses compagnons, pas un mot. Il semblait qu’après s’être enfoncés dans le llano, ils s’étaient dissipés en impalpable fumée.

Or, un jour que, lassé de son inaction, Massiliague avait prétexté un malaise pour ne pas accompagner la famille Coldjam en promenade, Marius entra mystérieusement dans la chambre où il s’abandonnait à ses réflexions moroses.

Un mouvement d’impatience échappa à Scipion. Mécontent d’être dérangé, il s’écria vivement :

— Pécaïre ! je n’ai pas sonné.

Le Texien approuva du geste :

— Que Monsieur me pardonne, je suis assuré qu’il n’a point sonné.

— Alors que veux-tu ?

— Demander à Monsieur s’il reçoit…

— Si je reçois ?

— Oui. Une personne qui vient du fort Davis exprès pour vous entretenir.

— Moi… et le nom de cette personne ?

— Bell.

— Bell ?… Connais pas.