Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/119

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afin d’établir un écusson au-dessus de la cheminée de la salle du Conseil, formait à elle seule toute l’épaisseur du mur. Sur chaque face, un mince revêtement de plâtre la dissimulait. Lorsqu’elle fut tombée, il ne restait entre la pièce voisine et la mienne qu’une feuille de plâtre et encore, celle-ci étant fendue en son milieu, je voyais librement…

— Et vous avez vu ?

— Trois hommes assis autour d’une table.

— Tiens ! moi aussi, pitchoun, j’ai vu là trois personnages.

— Peut-être les mêmes, monsieur.

— Vous pouvez les nommer ?

— Sans peine. L’un était le capitaine Hodge, commandant le fort Davis.

Scipion frappa ses mains l’une contre l’autre :

— En voici toujours un. Après ?

— Le second s’appelle Joë Sullivan…

— Et de deux.

— Quant au troisième…

— Ne serait-ce pas M. le gouverneur du Texas, le révérend Forster ? 

— Vous l’avez dit, monsieur.

— Et de trois, le compte y est… Ah çà ! ils ne quittent donc pas la salle du rapport, ces dignes gentlemen ?

Bell haussa les épaules :

— S’ils la quittent ou non, cela je l’ignore, mais ce que je puis vous affirmer, c’est qu’ils s’y trouvaient au moment où je regardais machinalement par l’ouverture, et que les quelques mots de leur conversation qui arrivaient à mes oreilles m’ôtèrent l’envie de me retirer discrètement comme j’en avais d’abord l’intention.

— Ils n’avaient donc pas entendu la chute des pierres…

— Non. J’oubliais de vous dire que mes mains avaient reçu la brique. Je ne songeai même pas à la déposer à terre, continua précipitamment Bell, car cette phrase était parvenue jusqu’à moi : il faut la retrouver à tout prix, il faut qu’elle meure, ainsi que ses compagnons…

Massiliague eut un frisson.

— De qui parlaient-ils ?

— De la Mestiza. C’est ce que m’apprit la suite de leur conversation. Immobile à mon observatoire, je