Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/120

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connus ainsi l’histoire du congrès sudiste de Mexico, la recherche supposée d’un bijou inca-atzec, fabriqué en réalité à Paris, votre nom, à vous, votre retraite à Aurora chez le major Coldjam. Je sus que la Mestiza, partie de San Vicente, avec deux chasseurs canadiens…

— Deux Canadiens… Francis Gairon et Pierre ?

Bell montra une imperceptible hésitation, mais se décidant tout à coup :

— Oui.

— Ah ! s’écria Scipion avec désespoir. Je comprends, je comprends. Ces chasseurs que j’ai épargnés, sotte bête que j’étais… Ces chasseurs sont à la solde de Sullivan, de ce Yankee maudit qui m’a enlevé… Ils se sont offerts comme guides sans doute, et ils conduisent la malheureuse Dolorès à la mort.

Son Interlocuteur étendit les bras à droite et à gauche :

— Cela, monsieur, je ne saurais vous le dire. Mais je reprends. La Mestiza a comme escorte : les deux chasseurs, un seigneur français du nom de Cigale…

— Un gentil garçon, pécaïre.

— Le señor Fabian Rosales, un jeune domestiqua espagnol, Coëllo, et dix Indios Mayos, commandés par le Puma, chef réputé. En tout seize personnes. Elle a remonté le cours du Rio Grande del Norte, celui de son affluent, le rio Pecos, puis elle s’est enfoncée dans les solitudes du llano Estacado, appelé Stakek Plains par les Nordistes. Depuis, on a perdu sa trace. Les tribus comanches et apaches, réunies pour lui barrer le chemin du territoire indien, ne l’ont pas aperçue. Des colonnes de miliciens montés vont être lancées à travers le llano, afin de découvrir sa retraite. On connaît son obstination. Jamais elle ne consentira à se rendre à des soldats des États-Unis. Elle préférera se frayer un passage à travers les Peaux-Rouges soulevés, qui la massacreront certainement.

Massiliague écoutait, les yeux écarquillés. Le sourire s’était effacé de ses lèvres.

— Alors, conclut Bell, j’ai songé que vous, un ami de la Mestiza, vous pourriez peut-être la prévenir et je suis venu à Aurora pour vous conter ce que j’avais découvert.

Le Marseillais lui tendit les deux mains :