Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Interrogé ?

— Il m’a affirmé qu’il y avait seulement quatre tickets pour Oklahoma.

— Quatre ?

— Les nôtres et ceux des individus en question. Nous ne saurions donc compter sur la foule pour échapper…

La remarque était juste. Scipion le reconnut. La situation se compliquait étrangement. Des jurons montèrent à ses lèvres… des troun de l’air, des rascasses se succédèrent, puis le Marseillais s’apaisa soudain.

— Après tout, je les connaîtrai cette nuit, ces faquinasses et, s’ils m’en veulent, milledioux, ils ne sont que deusses contre un.

— Contre deux, rectifia vivement Marius. Je suis Monsieur partout, et si Monsieur se bat, je me bats aussi.

Pour toute réponse, Scipion serra la main du brave garçon, dévoué à Marseille par piété filiale, et tous deux, rapprochés par le sentiment du péril prochain, regagnèrent leur sleeping. Une heure plus tard, leurs rideaux tirés, le silence qui régnait dans les alcôves ainsi ménagées eussent fait supposer à un indifférent qu’ils dormaient profondément.

Les conversations continuaient cependant entre les autres voyageurs, diminuant d’intensité à chaque fraction d’heure.

Puis les derniers passagers, attardés dans le wagon-restaurant par la confection de boissons variées, regagnèrent à leur tour la place qu’ils avaient retenue pour la nuit, et le convoi roula pesamment dans la campagne obscurcie, semblant entraîner un équipage de morts.

Une heure du matin venait de sonner, quand les rideaux de Massiliague s’agitèrent légèrement. Presque aussitôt ceux de Marius s’entr’ouvrirent et les deux hommes se trouvèrent debout dans le couloir médian.

— Personne, ainsi que le constate Monsieur.

— Alors en route.

Les explorateurs d’une nouvelle espèce avaient retiré leurs brodequins. Leurs pieds, couverts seulement de chaussettes, se posaient sans bruit sur le sol.

Ils parvinrent ainsi à la porte s’ouvrant sur la