Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/149

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Et lui, lui, un Marseillais… il s’était laissé trompé, pécaïre. Il avait cru à la loyauté des Canadiens. Pauvre de moi… ! Si l’on savait cela à la Joliette, comme les langues s’exerceraient sur le compte de Massiliague, le crédule. Avec cela, elles auraient raison les langues. Il fallait être bête comme une moule de Toulon ou une huître de la Madrague pour avaler pareille couleuvre… Scipion prononçait : serpent d’eau.

Ses réflexions furent interrompues par une phrase qui parvint jusqu’à lui :

— Où sont-ils, ces imbéciles de chasseurs ? disait Joë. Bien certainement, pour qu’ils n’aient point donné de leurs nouvelles, il faut que la Pacheco ait découvert leur double jeu…

— … et qu’ils soient morts, conclut Bell… C’est bien possible.

L’hypothèse soulagea Massiliague d’un poids énorme.

Parbleu oui ! les traîtres avaient été démasqués.

Sans cela, Sullivan, Forster, tous les ennemis de la cause sudiste, auraient suivi la trace de Dolorès.

Il appela Marius d’un signe, et tous deux, avec les mêmes précautions qu’à l’aller, reprirent le chemin de leur sleeping-car.

Sur la passerelle intermédiaire, Massiliague fit halte et se tournant vers Marius qui marchait derrière lui :

— Té, garçon, arrêtons-nous ici pour causer un tantinet.

— Comme il conviendra à Monsieur…

— Nous venons de constater, par expérience, qu’à l’intérieur des wagons une conversation peut être entendue.

Le Texien se prit à rire :

— Monsieur exprime la pensée de son fidèle domestique.

— En cet endroit, pareille chose n’est pas à craindre. Aussi, sans ambages superflus, je résume la situation. À Oklahoma, nos adversaires auront des chevaux et nous serons à pied.

Marius inclina la tête à plusieurs reprises :

— Si je comprends Monsieur, Monsieur veut exprimer qu’ils seront aptes à marcher plus vite que nous…

— Et que dès lors nous ne nous débarrasserons pas