Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gèrent les quatre fourgons de bagages, placés en tête du train.

Les voici maintenant auprès du tender. Plus de main courante. La trépidation de la marche les fait sauter sur place, rend leur déambulation dangereuse et difficile. À quatre mètres d’eux, la plaque du foyer est ouverte, et sur le rougeoiement des flammes ils distinguent les silhouettes des agents à qui est confiée la sécurité des voyageurs.

Le chauffeur enfourne du combustible dans le foyer. Le mécanicien debout, immobile, la main sur le frein, regarde au loin.

Ce qu’il cherche, Scipion le devine, ce sont les signaux d’approche de la gare d’Oklahoma, signaux à partir desquels il serrera progressivement, pour stopper enfin à la station.

Et à un mille en avant, des lumières se montrent. C’est la station, pas un instant à perdre.

— À toi, le chauffeur, rugit-il.

Lui-même bondit sur le mécanicien. Deux coups secs retentissent. Chacun des assaillants a étourdi d’un coup de crosse de revolver l’un des agents de la machine. Les malheureux, surpris, ont perdu connaissance avant d’avoir soupçonné l’attaque. Et tandis que Marius les garrotte soigneusement avec les lassos, Scipion debout, la main sur la roue du régulateur, accélère encore la vitesse du train.

Ce n’est plus un rapide, c’est un météore qui franchit dans l’espace d’un éclair la gare d’Oklahoma.

Des cris retentissent sur les quais mais déjà le train est loin, il s’est enfoncé dans l’obscurité.

— As-tu fini ? questionne le Marseillais.

Marius montre le mécanicien, le chauffeur ficelés ainsi que des saucissons.

— Monsieur peut voir.

— Bien. Alors, paré à descendre. Tu passeras le premier.

Le frein est serré, les sabots d’arrêt s’appliquent sur les roues avec des gémissements, des sifflements aigus.

La course folle du train se ralentit. Il semble qu’il va stopper.

— À terre, ordonna Scipion.

Le Texien saute. Massiliague desserre les freins, rouvre la vapeur en grand, et bondit auprès de son compagnon, tandis que le convoi, avec une vitesse