Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/165

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le soleil couchant y provoquait les plus étranges jeux de lumière.

De toutes parts, le ciel s’empourprait ; malgré la distance, une vague odeur de fumée emplissait l’atmosphère :

— Demain, un tapis de cendres couvrira la plaine, monologua le Texien. La poudre impalpable et noire, soulevée par la brise, ira porter au loin l’annonce que le llano a « vu le feu »… J’ai lu dans des feuilles quotidiennes que, par les grandes chaleurs, les herbes s’enflamment toutes seules. Ne croyez pas cela, monsieur, quoique ce soit imprimé. Le feu est toujours mis par l’homme, pour créer un danger à d’autres créatures humaines, ou pour se soustraire lui-même à un péril.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Durant quinze jours, les deux cavaliers continuèrent leur route. Ils avaient atteint les rives de la rivière Canadienne. D’abord, ils avaient trouvé un mince filet d’eau, mais après trois ou quatre heures de marche, ce filet lui-même avait disparu au confluent de la rivière avec un maigre affluent qui l’alimentait.

Dès lors le lit n’offrit plus à leurs yeux qu’une dépression, au sol desséché, fendillé par la chaleur.

De loin en loin, des flaques d’eau stagnantes le parsemaient : trous profonds où le liquide pouvait séjourner, ou épanchement de sources. On choisissait le plus souvent les bords de ces mares pour établir la halte diurne, car on marchait la nuit, de huit heures du soir à huit heures du matin environ.

Le pays semblait absolument privé d’habitants. Les voyageurs n’avaient rencontré ni un être humain, ni même une trace indiquant le passage de l’homme.

Cette absence totale de population, si favorable cependant aux projets de Massiliague, ne laissait pas d’inquiéter Marius.

Souvent, il répétait :

— Nous traversons le territoire des Séminoles. Comment se fait-il qu’ils l’aient abandonné ?

Question qui demeurait sans réponse.

Le seizième jour enfin, vers la fin de l’étape des cases apparurent, groupées sur la rive d’un étang qui barrait le lit de la rivière sur quelques centaines de mètres.

— Les Séminoles ne sont pas des pillards, déclara