Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/167

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Mais revenant à sa préoccupation :

— Le diable me brûle si je comprends. Tout le village parti, sans en excepter une femme ou un enfant. Il se passe des choses graves au désert.

Et comme Massiliague l’interrogeait du regard :

— Quoi ? Il m’est impossible de l’apprendre à Monsieur. Ce dont je suis persuadé, c’est que les Séminoles n’ont point abandonné le pays sans des raisons sérieuses. Lesquelles ? Voilà le hic. Ils ne traînent point leurs familles sur le sentier de la guerre, comme ils disent. Pas davantage aux grandes chasses… Alors…

Le brave garçon s’interrompit brusquement :

— Les paroles inutiles sont du temps perdu. Personne n’est là pour accueillir les hôtes ; c’est à eux de se servir eux-mêmes :

Il désignait la cabane du chef :

— Installons-nous dans ce wigwam ; c’est celui où nous serons le mieux. Pendant que Monsieur va se mettre à l’aise, je ferai un tour aux environs. La solitude du lieu me prouve que, sans être imprudent, on peut tirer un coup de fusil. Si donc un gibier quelconque passe à ma portée…, il agrémentera notre ordinaire, un peu trop sommaire depuis quelques jours.

Les chevaux dessellés s’étaient déjà précipités sur les bords de l’étang, où croissait une herbe courte et drue.

Marius jeta sa carabine sur son épaule et s’éloigna en sifflotant.

Une heure après, il revenait. Sa chasse avait été fructueuse. Il rapportait deux lièvres des prairies au pelage gris rouge et un palmipède à la robe argenté que les Indiens désignent sous le nom de wappok.

Un feu fut allumé, et bientôt les voyageurs dégustèrent les victimes du Texien.

— Dioubiban ! déclara le Marseillais. Voilà le repas le plus succulent que nous ayons fait depuis notre sortie du Pullmann. Ils ont beau dire, les Spartiates, il vaut mieux manger trop que pas assez, bien que mal. Vé ! s’il faut souffrir de l’estomac j’aime mieux que ce soit d’indigestion que de privations.

Les carcasses des rongeurs et de l’oiseau furent débarrassées de chair comme pièces anatomiques, et les explorateurs réconfortés, mais un tantinet alourdis