Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/173

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— Deux, plaisanta Scipion, c’est une bonne galéjade de prétendre reconnaître cela à distance.

— Que Monsieur ne rie point. J’ai vécu assez longtemps au désert pour distinguer le son d’une arme de celui d’une autre arme. Il y a bien deux carabines… mais sur quoi s’exercent-elles ?

Puis vivement :

— Si Monsieur veut bien attendre ici, j’irai voir.

Mais Massiliague se récria :

— Je t’accompagnerai, pitchoun. Nous aussi, nous avons deux fusils. Deux contre deux, on peut rire, té.

— Mais les chevaux ?

— Qu’ils se reposent. J’entrave le mien, mon fils ; fais de même.

Le Texien ne discuta plus. Un instant après, laissant les montures au fond du canon, les deux hommes s’élançaient en courant dans la direction du son.

La fusillade continuait toujours. De seconde en seconde, les explosions se succédaient, augmentant d’intensité, à mesure que les deux hardis compagnons se rapprochaient.

À droite et à gauche, la barrière rocheuse s’abaissait. Brusquement Scipion et Marius sortirent du défilé. Comme une route poudreuse, le lit de la rivière serpentait entre des rives basses qui n’arrêtaient plus la vue.

Un jet de flamme brilla dans la nuit tombante, suivie peu après par une détonation.

— C’est là, à cent mètres à peine, près de ce bouquet d’arbres, fit le Texien d’une voix légère comme un souffle. Il s’agit de tourner cette masse de verdure qui nous masquera et nous permettra d’approcher sans être aperçus.

Point besoin n’était de plus longues explications.

Se courbant en deux, glissant sans bruit sur le sol, le maître et le serviteur réussirent sans encombre à exécuter la manœuvre indiquée.

Les étranges tireurs du reste semblaient absorbés par leur bruyante occupation. Les coups de feu se suivaient avec une régularité mathématique :

— Rascasse, fit Scipion, on dirait qu’ils tirent à la cible.

— Chut ! riposta Marius en sautant sur la rive.

À peu de distance la masse sombre des arbres se