Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/21

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— Non, señor, non. Mais je serais infiniment heureux si vous consentiez à me l’apprendre.

— Je me rends à vos désirs. Si donc j’étais le señor Villagran, sénateur de l’État fédéral de Mexico, je ne laisserais à aucun autre la gloire de conquérir le joyau, symbole de l’alliance des Sud-Américains.

— Mais j’ignore où il se cache.

Sullivan eut un hochement de tête approbateur. Son auditeur ne repoussait pas l’idée de prime abord, donc il ne tarderait pas à l’adopter entièrement. Aussi reprit-il d’un ton persuasif :

— Votre rival n’est pas plus avancé que vous.

— Pardon, pardon, il sera guidé par Dolorès Pacheco.

— Par cette jeune fille ?… Connaîtrait-elle la cachette du collier ?…

— Pas exactement, mais, à ce que j’ai cru comprendre du moins, elle est certaine de la région où il doit se trouver.

— Bon à savoir, murmura le Yankee en aparté, puis élevant la voix : elle vous a sans doute renseigné à cet égard ?

Bartolomeo haussa les épaules avec une mine désolée :

— Vous ne soupçonnez pas sa nature, señor. C’est une blanche pour l’intelligence, une Indienne pour le silence. La torture ne lui arracherait pas une parole qu’elle jugerait bon de taire…

— Mais, au moins, elle a dû éclairer le « champion » ?…

— Pas davantage. Peu après, la clôture de la séance tenue dans la cathédrale, elle a quitté Mexico, avec quelques indios bravos rassemblés à mon insu. Elle se rend au Presidio de San Vicente, sur le rio Bravo, qui forme la limite septentrionale séparative du Mexique et du Texas. Elle est partie depuis deux heures. Le Scipion Massiliague qui, en ce moment, se laisse porter en triomphe par le peuple délirant, se mettra en route demain pour la rejoindre. C’est à San Vicente seulement qu’elle lui indiquera le chemin à suivre.

Sullivan se pencha à son oreille :

— Mais si ce Massiliague était mis dans l’impossibilité d’arriver à la frontière ?…

— Cela retarderait l’expédition.