Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/240

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Mais cette apparence était trompeuse. Rusé était l’Apache, ci à ce moment même il le prouvait, car il s’affermissait dans la confiance du Vautour Rouge, au moyen d’adroites flatteries, avec l’espoir d’obtenir une part plus large dans les cadeaux promis par les Américains en échange de Dolorès Pacheco.

— Nul autre que le Vautour Rouge ne pouvait mener à bien pareille entreprise, continua le Bison, nul autre ne serait arrivé au succès en économisant autant le sang des enfants rouges de la prairie.

Les yeux du Comanche brillèrent.

— Sage au conseil, prudent dans l’attaque, fit-il doucement.

— Oui, oui. Vaincre sans affaiblir sa tribu. C’est un exemple que tu donnes à tous, et les jeunes guerriers se souviendront de la leçon du plus grand de leurs chefs.

Quel que fût le flegme dont il s’entourait, le Vautour Rouge fut sensible à l’éloge, mais il dissimula sa satisfaction sous une apparence de modestie :

— Le crois-tu vraiment ? N’attribues-tu pas aux autres ce qui est seulement la pensée d’un guerrier avisé ?

Le Bison allait répondre quand un Indien fit irruption sous la tente.

C’était un enfant, seize ou dix-sept ans à peine.

— Pourquoi l’Ocelot trouble-t-il les chefs ? demanda sévèrement le Comanche.

Le nouveau venu salua et vivement :

— Un envoyé des Séminoles veut être entendu.

— Des Séminoles ?… répétèrent les Indiens avec un tressaillement.

— Oui.

— Un chasseur, sans doute ?

— Non, un chef renommé.

— Son nom ?

— Cœur de Feu. Le Vautour Rouge et le Bison échangèrent un regard inquiet.

— Ochs ! fit enfin le premier. La hache de guerre est enterrée entre les Séminoles et nous, c’est donc un ami qui vient rendre visite à des amis.

Mais l’Ocelot secoua la tête :

— C’est un guerrier qui apporte les paroles de sa nation.

Un silence suivit.