Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/245

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— De lever mon camp et d’entraîner mes guerriers hors de la route de celle que tu as nommée.

— Mon père a retrouvé toute sa sagesse ! s’écria Cœur de Feu, comme s’il avait été dupe de cette comédie. Le Grand Esprit en soit remercié !

Puis changeant de ton :

— Je ferai la première étape avec mon père et je retournerai auprès des miens leur dire : Réjouissez-vous, le Vautour Rouge a déjoué les maléfices des génies de la nuit.

Le Comanche ne parut pas comprendre l’injonction enveloppée dans la phrase polie.

Cordialement, il continua :

— Nous lèverons le camp demain matin. Que mon fils se repose aujourd’hui ! Il est parmi des amis. Il est maître ici comme au milieu de sa tribu.

L’entretien était terminé.

Les interlocuteurs alors se touchèrent la main, et l’Ocelot, appelé aussitôt, conduisit le Séminole à une tente, sous laquelle le loyal Indien se glissa et s’endormit.

Il n’eût pas trouvé le sommeil s’il avait soupçonné la conversation qui s’engageait à ce moment même entre les hommes auxquels il venait de parler.

Après son départ, un long silence avait régné sous l’abri de toile du Vautour Rouge.

Enfin, celui-ci avait murmuré :

— Ochs ! les Séminoles sont de grands guerriers.

— irrésistibles à la guerre, avait ajouté le Bison.

— Invincibles dans le conseil.

— Ils sont nombreux.

— Ils ont appris la discipline des blancs.

— Et les autres Indiens doivent s’incliner devant leur volonté.

Une nouvelle pause et les deux hommes avaient répété ensemble :

— Ochs ! les Séminoles sont de grands guerriers.

Puis l’Apache, baissant la voix, reprit :

— Le coyote est plus faible que le puma.

— Ainsi l’a décidé le Grand Esprit.

— Cependant le coyote a sa part de la chasse du lion.

— Cela est vrai, Bison. Tous les coureurs de la prairie savent cela.

— Savent-ils aussi pourquoi il en est ainsi ?

— Non.