Et de fait, quand, rendu à la liberté, l’Ocelot vint à passer auprès de la hutte de toile réservée à Cœur de Feu, il gronda sourdement :
— L’Ocelot enfoncera ses dents dans le Cœur de Feu, sans peur de se brûler la langue.
Cependant, Francis Gairon, blotti dans une anfractuosité de rocher, attendait la nuit.
Elle vint lentement.
Alors, il sortit de sa cachette et, rampant dans l’ombre, il gagna l’étroite percée par laquelle, naguère, il avait quitté le Val Noir.
Aucun guerrier inca ne gardait le passage.
— Oh ! oh ! murmura le Canadien, mon ami Cœur de Feu a réussi dans son ambassade. Les diables rouges me semblent avoir levé le siège.
Cette supposition devint une certitude pour le chasseur, quand il arriva dans la crique basaltique au fond de laquelle tremblotaient les eaux du lac.
Les rives étaient désertes. Oui, décidément les Indiens s’étaient éloignés.
Ravi par cette constatation, Francis, obéissant à un de ces mouvements auxquels l’homme le plus fort obéit au sortir d’un grand danger, plia les genoux et, les bras tendus vers le ciel où scintillaient les innombrables étoffes, s’écria :
— Maître des mondes, des soleils, de l’Infini, sois béni d’avoir écarté la mort de la tête chère de Dolorès.
Une larme brûlante roula lentement sur sa joue. Il la fit sauter d’un coup de pouce rageur et, se redressant, il gagna la corniche de la falaise.
Une demi-heure plus tard, il parvenait sans encombre au point culminant de l’étroit chemin aérien.
À ses appels, les assiégés répondaient en lui jetant des lassos, grâce auxquels il se hissait au sommet de l’escarpement.
Dolorès, Fabian, Cigale, Pierre, Coëllo, le Puma, les Mayos l’y attendaient. Il serra les mains tendues vers lui et, d’une voix que l’émotion brisait :
— Les Indiens lèvent le siège, sur l’ordre de Cœur de Feu, chef séminole, qui a abandonné son père mourant pour venir délivrer la Vierge mexicaine.
Toutes les physionomies s’éclairèrent.
— Où est le Séminole ? demanda Dolorès.
— Au camp des Apaches. Il aura sans doute voulu