Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/265

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cette lettre qui vous répète : « Une fiancée songe à vous. »
xxxx« Si vous avez pitié de la souffrance de celle qui attend sans oser espérer, écrivez vous-même, laissez votre missive sous votre tente et éloignez-vous.
xxxx« Celle qui a tracé ces lignes saura entrer en possession du précieux papier.

Signé :xxxxxxxxxxxxxx
« Le bouquet de sospiriano. »

Quand  il eut achevé sa lecture, Scipion Massiliague se tapa à plusieurs reprises sur la tête :

— Té, que signifie ?

Puis soudain, il se précipita vers l’entrée et apercevant la jeune fille, sans deviner que son accoutrement de peone pouvait cacher sa mystérieuse correspondante :

— Hé, Coëllo, dit-il, il y a longtemps que tu es là, pitchoun ?

Interloquée au suprême degré, Vera perdit la tête et murmura :

— Oui, señor.

— Alors, tout va bien, mon garçon… tu me donneras le mot de la charade.

Avec son impétuosité naturelle, il vint à elle, lui prit la main, et curieusement :

— Tu as vu la señora qui est entrée dans ma tente, hé ?

Complètement bouleversée par le tour imprévu de l’entretien, la pauvre fillette bredouilla inconsciemment :

— Oui, señor.

— Oui… Per lou diable, voilà qui est bien. Et comment est-elle ?

Le faux Coëllo demeura bouche bée.

— Bon, continua Scipion, je comprends. Tu faisais pas attention. À ton âge et par cette température, on rêve plus qu’on ne regarde… Tu as vu passer une dame sans chercher à distinguer ses traits.

— En effet, c’est cela, réussit à prononcer la jeune fille.

— Je ne t’en veux pas, jeune Coëllo… Seulement je vais te proposer une affaire.

— Une affaire ?

Essellente, encore. Écoute.