Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/270

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Ce qui rendit Vera toute tremblante.

Mais le Marseillais, tout aux nouvelles qui venaient ne lui être révélées, ne s’arrêta pas à son observation, et revenant aussitôt au sujet de l’entretien :

— Quand est-il arrivé, cet agent, quand ?… Je n’ai pas entendu dire qu’un étranger se fût présenté aujourd’hui.

— Il s’est présenté le jour même où vous étiez séparé de nous, señor.

— Vé… mais alors, je le connais, il fait partie de l’escorte !

Et se bourrant la tête de coups de poings :

— Triple criquet que je suis… Pécaïre ! voilà ce que c’est que d’être réveillé en sursaut. On est obtus comme un baril d’anchois… Parbleu ! je le connais, le traître… Je le crois… mais apprends-moi, mon bon, comment il t’a fait ses confidences.

— Sans s’en douter, señor.

Scipion fronça les sourcils :

— Aurais-tu l’intention de me faire damner avec tes réponses de rébus ? — Il se calma, immédiatement, et reprenant son sourire : — je comprends. Tu as surpris une conversation.

Vera inclina la tête pour affirmer.

— Avec qui ?

— Avec sa conscience.

Et arrêtant la parole sur les lèvres du bouillant Provençal, la jeune fille acheva :

— Il dormait. Sa conscience veillait sous la forme d’un rêve.

— Il parlait à haute voix ?

— Vous l’avez dit, señor.

— Et il s’accusait ?

— D’avoir tué la Mestiza à cause d’un papier qu’il porte sur sa poitrine. Je n’ai pas très bien suivi cela, mais je pense que c’est un écrit de Joë Sullivan.

Massiliague ne répondit pas.

Le front penché sur le sol, il semblait réfléchir.

— Il aurait voulu tuer la Mestiza, gronda-t-il au bout d’un instant… Oh ! oh ! mon gaillard, tu as été bien près de réussir, mais à présent je suis là… À deux de jeu, mon brave… As pas pur, tu trouveras à qui parler.

Puis revenant à son interlocutrice :

— Coëllo, dit le Provençal, ta démarche me prouve que tu es tout dévoué à Dolorès Pacheco ?