Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/276

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Tous se déclarèrent prêts à prendre, avant le départ, la boisson parfumée que préparait Marius.

Et ce point acquis, le Marseillais s’en fut retrouver son confident.

— Tu es bien sûr de l’effet de ta drogue ? lui glissa-t-il à l’oreille.

— Sûr comme d’avoir le nez au milieu du visage.

— Eh bien ! c’est pour ce soir. Tu serviras le thé, en ayant soin de ne mettre du scapleteletl que dans les tasses des Canadiens.

— Entendu.

Et Coëllo, s’étant approché, murmura d’un air inquiet :

— On lève le camp ce soir… Les traîtres chasseurs nous accompagnent.

Scipion lui répondit avec son inimitable faconde :

— Non, pitchoun, ils resteront ici. Je les démasquerai avant le départ.

Le faux peone s’inclina. Flatté de la confiance absolue qu’exprimait son jeune visage, Scipion lui pinça gaiement l’oreille :

— Tu le connais en hommes, petit Coëllo, c’est bien… continue, tu seras mon ami.

— Votre ami, répéta l’interpellé, tandis qu’une rougeur ardente montait à ses joues !

— Eh oui, cela te fait donc grand plaisir ?

— Oh ! señor ! un plaisir que vous ne pouvez soupçonner !

— Tant mieux ! tant mieux ! Tu es gracieux comme un véritable Phocéen… Va, petit, va, je suis content de toi.

Cet ordre amical ayant été exécuté aussitôt, Massiliague, au comble de la satisfaction, confia à Marius :

— C’est surprenant, comme les gens de ce pays ont des natures vibrantes. Vois ce petit, Marius, il vibre comme un Marseillais, dont il a d’ailleurs la perspicacité.

Le moment était mal choisi pour parler de la clairvoyance des habitants de la grande cité méditerranéenne, car ni Massiliague, ni Marius, n’avaient deviné la gentille Vera sous les habits de Coëllo.

Pour elle, elle s’éloignait ravie.

— Il m’a dit : tu seras mon ami. Dans l’amitié, on donne une portion de son cœur ; à force de dévouement, d’affection, je conquerrai le reste.

Et ce jour-là, Fabian Rosales, qui veillait sans