Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/278

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dis-je, brillants à faire prendre le soleil pour une chandelle. Ah ! Couquinasse. Ces yeux lançaient des rayons à cuire un œuf en trois secondes… Je reçus l’un de ces rayons incendiaires, et mon cœur flamba. J’appelai aussitôt les pompiers, c’est-à-dire le mariage, car lorsqu’un brave garçon brûle pour une honnête fille, le pompier tout indiqué, c’est le conjungo. »

Tout le monde riait. Quant à Coëllo, ses regards exprimaient l’ahurissement le plus complet.

Évidemment, l’intellect de Vera n’entrevoyait aucune relation entre le conte du Marseillais et la confusion du traître Francis Gairon.

Scipion paraissait ravi.

Il leva sa tasse emplie du breuvage originaire de Chine, et la portant à ses lèvres :

— Buvez tous, mes petits oiseaux, buvez tous pour désaltérer l’orateur !

Le moyen de résister à pareille invitation ?…

Toutes les tasses se vidèrent comme par enchantement. Le Provençal cligna des yeux, coula un regard en coulisse vers le Canadien, puis se penchant vers le faux Coëllo :

— L’affaire est dans le sac, mon petit ami, elle est dans le sac.

Déjà Marius s’empressait à remplir les tasses.

— Et le récit ? demanda Cigale.

— Oui, oui, le récit, répétèrent les assistants.

— Ou bien, continua le Parisien, nous serions fondés à croire que vous avez commencé une histoire dont vous ignorez la fin.

À cette proposition audacieuse, Massiliague se cabra.

— Monsieur Cigale, s’écria-t-il, cela pourrait arriver à un habitant de Paris, mais un Marseillais, il connaît toujours la fin d’une histoire vraie.

— Parlez donc, je vous prie.

— Et je ne me fais pas prier, veuillez le constater ; je reprends la quasi-lecture du testament de mon cousin Marcassou, épris de la Louisette Bombardade.

Aussi gravement que s’il eût débité tout autre chose qu’une de ces fantaisies, fleurs de la Canebière, Scipion parla :

— « Donc, moi, Marcassou, un jour que Bombardade était sorti… Dame, avant de m’esposer aux discus-