Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/287

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gretté d’avoir signé, vous ne me croiriez pas… Alors, quoi bon ?

— À quoi bon ? À me démontrer que vous ne me haïssiez pas, qu’une part de l’accusation au moins est inexacte, que vous n’êtes point celui qui a cherché à me tuer.

Elle s’arrêta. Un éclair avait passé dans les yeux du chasseur.

— Si, fit-il, je suis celui-là… Mais, à cette heure suprême de l’assaut, alors que le chef des assaillants vous entraînait prisonnière, je n’ai pas agi en traître… Je vous aimais mieux morte que captive… et j’ai fait feu.

Les assiégeants grondèrent sourdement, mais Dolorès leur imposa silence de la main et, à leur profonde surprise, elle prononça ces mots :

— Je vous crois.

Peindre la reconnaissance qui resplendit dans les yeux de Gairon est impossible.

— Merci, reprit-il. J’ai eu un bon sentiment, vous ne m’en jugez pas incapable, cela me suffit… Pour le reste, la preuve qui est entre vos mains écarte toute discussion. J’ai trahi votre confiance, frappez !

Une hésitation singulière faisait battre le cœur de la Mestiza.

— Malheureux ! s’écria-t-elle, savez-vous ce que vous demandez ?…

— Oui, doña.

— La justice de la Prairie est sommaire.

— Je le sais. Mais, en avouant, j’ai moi-même prononcé mon arrêt.

— Vous avez…

— J’attends la mort.

Ceci fut dit sans forfanterie. Et tous ces hommes, animés contre l’accusé d’une colère justifiée, ne purent cependant s’empêcher de reconnaître que le chasseur faisait montre d’un vrai courage.

— Il me reste une prière à vous adresser.

— Parlez.

— Pierre, mon engagé, m’a suivi en vertu du contrat qui le liait à moi. Il ne doit pas être rendu responsable de ma faute.

— Depuis un instant, Pierre, réveillé à son tour par Marius, suivait l’entretien avec une attention extrême ; mais, aux dernières paroles de Francis, il se leva vivement :