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IV

Les coupables


Quand une chaloupe de pêcheurs est désemparée par la tempête, que ses voiles arrachées, ses avirons brisés, elle flotte à l’aventure sur les vagues irritées, certes ses marins, séparés de l’abîme par quelques planches qui gémissent sous la poussée de chaque lame, connaissent d’horribles angoisses.

Mais le désespoir ne leur vient que si la situation se prolonge. Pendant les premières heures, les premiers jours, ils espèrent être recueillis. Après tout, ils sont sur la route suivie par les steamers de telle ou telle ligne ; rien d’impossible à ce qu’ils rencontrent un navire auquel ils adresseront les signaux de détresse et qui, suivant la coutume fraternelle de la marine, stoppera pour leur porter secours.

Dans le Far-West américain, rien de semblable. L’océan dénudé de la Prairie s’étend de toutes parts, au delà des confins de l’horizon.

L’homme abandonné dans le désert n’a plus d’espoir. Si aucun être humain ne se trouve sur son passage, la faim le terrassera bientôt, et s’il rencontre quelqu’un ce sera un Indien, un pillard qui le tuera.

Tel était le sort auquel le Puma, avec sa cruauté instinctive de Peau-Rouge, avait condamné les Canadiens.