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Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/299

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et ils distinguèrent plusieurs soldats de la milice des États-Unis.

Le sergent s’était approché.

— Eh bien ! dit-il d’un ton jovial, vous vous décidez donc à revenir à la vie ? By God ! Vous en avez fait, des façons. Nous avons été sur le point d’y renoncer.

— Comment êtes-vous là ? interrogea Francis.

— Comment ? Mais, fort heureusement pour vous, nous faisions une reconnaissance, quand un de nos flanqueurs vous découvrit, pâmés sur le sable.

— Nous mourions de faim.

— Parbleu, cela se voyait. Grâce au ciel, le gouvernement fait entrer les tablettes de Liebig dans notre charge de vivres. On vous a fabriqué un bouillon à se lécher les doigts. On vous l’a ingurgité de force, et voilà… Maintenant, vous êtes de jolis garçons. Seulement, je m’étonne…

— De quoi ?

— De voir deux hommes qui, au jugé, ont l’expérience de la Prairie, s’y aventurer sans autre arme qu’un méchant couteau.

En un instant, Francis comprit qu’en disant la vérité, il nuirait à Dolorès.

Ces soldats faisaient évidemment partie de ceux qui pourchassaient la noble fille.

Il fallait leur donner le change et, d’un ton bonasse, il répondit :

— Nous avons été volés.

— Par qui ? fit curieusement le sous-officier.

— Nous l’ignorons. C’est durant notre sommeil ; nous croyions n’avoir rien à craindre et nous avions pensé inutile de nous imposer une faction… Nos chevaux, nos carabines, nos provisions, tout a disparu.

L’Américain haussa les épaules.

— Quelque pillard indien, sans doute.

— Nous l’avons supposé. Le sol rocheux, par malheur, n’avait conservé aucune trace.

— C’est fâcheux. Enfin, nous allons vous prendre en croupe et, au campement, vous trouverez bien de quoi vous refaire un équipement.

Puis, par réflexion :

— Au fait, vous venez de l’Ouest ?

Gairon eut une imperceptible hésitation, mais il pressentit qu’un mensonge pourrait embrouiller les choses.

Durant son évanouissement, les soldats avaient