Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/300

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peut-être relevé la piste. Il valait mieux dire la vérité.

Aussi répondit-il :

— En effet, nous venons des rives du Rio Pecos.

— Et vous n’avez pas rencontré de voyageurs ? À cette nouvelle interrogation, qui se rapportait bien certainement à la petite troupe de la Mestiza, le Canadien dressa l’oreille.

— Des voyageurs ? répéta-t-il.

— Oui, ils sont conduits par une sorte de folle mexicaine, que Satan confonde, car c’est elle qui nous oblige à trimer dans ce pays de chiens.

Le mieux, pour ne pas éveiller les soupçons, était d’abonder dans le sens du Yankee.

Gairon qui avait serré les poings en entendant appeler « folle » la noble fille à laquelle il avait donné son cœur, se contraignit à sourire :

— Attendez donc. Je crois bien que nous avons vu les gens dont vous parlez.

— Ah bah ! Il y a longtemps ?

— Plusieurs semaines. C’était à une journée de marche du Rio Pecos.

Nous sommes tombés dans leur camp, où, du reste, on nous a admirablement reçus.

Le sergent se frotta les mains.

— Bien, bien… la Mexicaine est une très jolie fille — il se frisa la moustache — qu’accompagnent plusieurs Indiens, un hacendado de la frontière…

— Oui, oui… je vois que vous êtes renseigné…

— Insuffisamment. Car nous ignorons de quel côté ils se dirigent.

À cet aveu, Francis eut peine à contenir sa joie. La Mestiza avait donc échappé aux troupes chargées de s’emparer de sa personne, et avec une nuance d’ironie :

— Ah ! ce n’est pas moi qui vous le dirai, reprit-il… car je n’en sais rien. Nous avons reposé dans le camp de ces personnes, puis nous les avons quittées pour continuer notre chemin, sans nous inquiéter de celui qu’elles choisissaient elles-mêmes. Au désert, on n’est pas curieux.

— C’est un tort.

— Je m’en aperçois, monsieur le sergent, car j’aurais eu grand plaisir à vous apprendre ce que vous désirez savoir.

— Et vous n’auriez pas perdu votre temps. Il y a une prime de mille dollars pour celui qui trouvera la trace de la Mestiza, c’est ainsi qu’on la nomme… Et