Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/326

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Enchaînée de nouveau, Dolorès était demeurée seule.

Peu à peu, à mesure que le soleil se rapprochait du zénith, incendiant la terre de ses rayons, les rumeurs du camp s’étaient éteintes.

Les miliciens s’abandonnaient aux douceurs de la sieste.

Enfin le silence régna en maître, troublé seulement par le pas régulier du factionnaire qui se promenait devant la tente de la captive.

Celle-ci, étendue sur un sarape qu’elle avait posé sur le sol, ainsi qu’une natte, se plongeait en une douloureuse méditation.

Elle était prisonnière et ses compagnons de fatigues l’attendraient vainement sur les rives de la rivière Canadienne.

L’œuvre, à laquelle elle s’était consacrée, ne serait jamais achevée.

Seule, elle connaissait le secret de la cachette du Gorgerin d’Alliance inca-atzec. À cette heure, elle se reprochait de ne l’avoir pas confié aux amis sûrs qui l’avaient escortée, défendue.

Elle disparue, ils auraient pu poursuivre la recherche du précieux joyau. Ils auraient réussi à s’en emparer, à le rapporter à Mexico, à cimenter l’alliance des Hispano-Indiens du Sud-Américain, des Celtes actuellement divisés, s’offrant comme une proie facile aux Saxons du Nord.

Sa prudence avait été coupable, sa discrétion avait été une faute.

Et puis le souvenir de Francis traversait sa rêverie.

Elle ne savait plus que penser du Canadien.

La veille, dans l’après-midi, il avait refusé de la trahir, et le soir, sans hésitation, il avait prononcé son nom.

Il était l’engagé de Sullivan, — l’agent l’avait proclamé devant elle-même, — une prime lui était allouée pour les services rendus.

Chaos mystérieux où elle se débattait sans trouver la lumière.

Le soleil dardait ses rayons verticaux sur la prairie, ces rayons de feu contre lesquels le feuillage maigre des arbustes de l’oasis, la toile de la tente elle-même étaient des abris insuffisants.

Un air suffocant brûlait les narines et la respiration de la captive devenait haletante.

Tout bruit avait cessé dans le camp. Le faction-