naire même, engourdi par la température torride, avait interrompu sa promenade monotone. Adossé à un arbre voisin de la tente, appuyé sur son fusil dont la crosse reposait à terre, il restait debout, à demi endormi, ses paupières papillotant sur ses regards vagues.
Et, tout à coup, un léger bruit fit tressaillir la captive.
C’était un grattement léger, comme eût pu en produire un de ces innombrables rongeurs qui pullulent dans le Far-West.
L’animal qui le causait devait creuser le sol poussiéreux derrière la tente, du côté opposé à celui où se trouvait la sentinelle.
Soudain, la toile fut légèrement soulevée. La tête d’un homme se coula par l’ouverture, et Dolorès reconnut le visage de Francis Gairon.
Elle fut sur le point de crier, d’appeler… Mais le Canadien appuya un doigt sur ses lèvres et elle se tut.
Cependant le chasseur s’introduisait en rampant dans la tente.
Il redressa son corps, mais demeura les genoux en terre, et dans cette humble attitude :
— Doña, dit-il, je vous ai menti, et cependant il faut aujourd’hui que vous m’accordiez toute votre confiance.
Et comme elle allait parler, exprimer son étonnement, il la supplia du geste de l’écouter encore et continua :
— Je veux d’abord vous dire qui je suis, pourquoi j’ai agi… Après, vous jugerez.
Rapidement, sans rien omettre, il raconta comment il s’était engagé avec Joë Sullivan, puis son arrivée à Mexico, son émotion à la vue de la Mestiza, son désir de la servir.
Sa voix tremblait en exposant ces choses… Sur ses yeux une buée mettait un voile, et sa poitrine se soulevant avec force sous les coups précipités de son cœur, il allait toujours. Il disait sa lutte intérieure, alors qu’il se débattait entre la parole donnée à Sullivan et le sentiment tendre qui l’entraînait à devenir le plus fidèle soldat de Dolorès. Il avoua la ruse par laquelle il avait attiré les Indiens sur les traces de l’expédition… et ses angoisses en se livrant à cette besogne de trahison… ses tristesses durant le siège du Val Noir.