Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/329

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par l’approbation. Qu’arrive-t-il ? Tous les obstacles auxquels vous vous êtes heurtée, devant lesquels vous avez succombé, se représentent aussitôt, accrus encore par la colère de vos geôliers, par leur volonté de reprendre coûte que coûte celle qui leur a échappé.

— Oui, dit-elle… je reconnais tout cela.

— En ce cas, que décidez-vous, doña ?

— Que me conseillez-vous ?

— Rien. Je suis ici pour obéir à vos ordres quels qu’ils soient. J’ai laissé parler devant vous mon expérience du désert… Maintenant je ferai ce que vous désirerez.

Dolorès hocha doucement la tête :

— Évidemment, la sagesse serait de rassurer mes ennemis en demeurant leur captive… Elle serait encore de confier à mes compagnons dévoués le soin de s’emparer du Gorgerin d’Alliance.

Sans un geste d’approbation ou d’improbation, Gairon écoutait :

— Mais, fit-elle comme hésitante, seule je connais la cachette du joyau d’émancipation, seule j’ai reçu le dépôt du secret de ceux qui en sont les derniers détenteurs.

Francis ne bougea pas.

— Puis-je le confier à d’autres ?

— Tout à coup, elle fit un pas vers son interlocuteur, lui saisit les mains, et pointant dans ses prunelles le clair rayon de ses yeux :

— Francis Gairon, demanda-t-elle, faites-moi le serment qui me permettra de tout vous dire ?…

Il frissonna, parut chercher un instant, puis étendant la main :

— Sur votre existence, doña, sur votre vie, je jure de vous servir fidèlement.

Elle le regarda avec étonnement. Le rude chasseur rougit, et balbutia :

— Je me suis juré de mourir ou de triompher avec vous !

Il joignit les mains :

— Croyez-moi, continua-t-il, croyez-moi. Je vous ai ouvert le livre de mon âme… Vous avez dû y voir que je suis à vous… Jusqu’à l’heure où je vous ai rencontrée, le devoir était simple pour moi… Je l’accomplissais sans trouble, sans hésitation. Je vous ai aperçue et, de ce moment, j’ai compris qu’un seul