Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/347

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Guerriers, agriculteurs, squaws, enfants, se précipitèrent à la rencontre des nouveaux venus.

Mais, se conformant aux instructions données par Dolorès, ni Francis, ni ses compagnons n’avaient répondu aux questions des indigènes.

Suivant le bord du troisième ruisselet, compté à partir de la gauche, ils avaient atteint le pied d’une colline, où s’ouvrait une caverne obscure d’où s’échappait le filet d’eau.

La foule alors était devenue muette, s’écartant avec respect dû groupe de voyageurs.

Scipion Massiliague pénétra seul dans la grotte. Il la traversa dans toute sa longueur, s’arrêtant seulement lorsqu’il fut contre la paroi lisse du rocher.

À ses pieds, du fond d’une sorte d’entonnoir évidé dans le granit, la source jaillissait en bouillonnant.

Le Marseillais se baissa, trempa ses mains dans l’eau, les égoutta en se tournant vers l’Orient, puis il heurta le roc à sept reprises différentes.

À peine l’écho de ces chocs s’était-il éteint qu’un bloc énorme parut frissonner ; puis, lentement, il tourna sur lui-même, démasquant l’entrée d’un couloir ténébreux.

Une voix disait en même temps :

— Que celui qui a frappé entre, s’il a le cœur vaillant et la pensée pure.

— Alors, mon bon, j’entre ! clama Scipion.

Et résolument, il s’engouffra dans le couloir.

Au bout de dix pas, il aperçut en avant de lui comme une étoile mouvante.

— Suis cette lumière, ordonna l’organe d’un personnage invisible. Suis-la et ne crains rien, aucun obstacle n’est sur ta route.

— Je suis incapable de crainte, pécaïre, riposta gaillardement Massiliague, cependant votre avertissement est utile, car on n’y voit goutte, et je vous remercie.

Il attendit une minute, espérant une réponse ; mais le silence ne fut plus troublé.

— Allons, je marche, mon bon. Vous impatientez pas.

Sur ce, Scipion se mit en route.

Tel un feu follet, la lumière glissait devant lui. Qu’il pressât le pas ou qu’il le ralentit, la distance qui le séparait de la clarté fuyante ne semblait ni augmenter, ni diminuer.