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IX

Le Resinero


Don Ramon Saltarado y Delideaça Fœderer del Campiriadini dirigeait une exploitation de caoutchouc ; dans la langue du pays texien, il était resinero.

Il surveillait d’une façon spéciale sa propriété et si les lianes, dont la sève fournissait le caoutchouc, prospéraient en courant sur les arbres qui leur servaient de support, elles devaient leur santé à Cristobal, un intelligent mulato, — mulâtre, — intendant du propriétaire.

Naturellement, don Ramon s’attribuait tout le mérite.

La tête en poire, de gros yeux à fleur de tête, des favoris noirs, une panse arrondie portée par des jambes arquées, le noble Ramon avait passé, comme dit le populaire, à côté de l’intelligence. Il était lourd, stupide, fat et ridicule.

Dans son cerveau épais, réfractaire à tout effort, la religiosité atavique s’était transformée en superstition.

Armé d’un énorme chapelet qu’il égrenait sans cesse, le resinero se complaisait aux récits de revenants, d’apparitions. Le naufrage d’un navire, l’incendie d’une habitation, une explosion de grisou dans