Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/359

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honnête resinero, ne saurait se dispenser de recevoir l’hôte envoyé par le hasard !

Et, de plus belle, il reprit :

Santa Cecilia.
xxxx« Santissima Guadalupe.
xxxx« San Pedro.
xxxx« San Pablo
.

Puis sa voix devint moins distincte et le long défilé de tous les bienheureux du calendrier continua sous la forme d’un murmure inarticulé.

Il ne fallut pas moins d’une demi-heure à l’hidalgo pour mener à bien cette revue des élus.

Enfin, il arriva au bout de sa tâche. Alors, son visage s’épanouit.

— Là, dit-il, me voici en règle avec le ciel qui fait prospérer mon caoutchouc ; à présent, songeons à ce que j’ai promis aux hommes.

Et, à un peone qui s’était tenu constamment à quelques pas de lui :

— Andreï !

— Señor ?

— Amène-moi une mule, je vais sortir.

— Ne suivrai-je pas Votre Grandesse ?

— Non, je vais visiter mes braves resineros, que la bonté divine dirige… je n’ai pas besoin de tes services.

Le serviteur se précipita aussitôt vers les écuries, et don Ramon, afin de prendre patience, tira de sa poche une brochure sur la couverture de laquelle on lisait :

L’APPARITION DU TAMBO DE ILIQIUL
Santa Magdalena et Tomaso Vaquero.

— Incompréhensible ! grommela-t-il. Jamais les apparitions ne favorisent la noblesse. Les bienheureux seraient cependant mieux reçus par des gens du monde que par d’obscurs employés. Quelle idée a eue Magdalena de se montrer à ce vaquero Tomaso, un bouvoir… fi !…

Mais soudain il saisit son chapelet.

— Je suis fou, j’ai l’air de critiquer ceux que je dois révérer. Pardon, santa Magdalena, Magdalena santissima. Ta sagesse est supérieure à la mienne et je m’incline sans comprendre devant tes décisions.

À ce moment, Andreï revenait, tirant après lui une